Et si l’agriculture régénératrice des sols était une solution….
Cette initiative française, aujourd’hui devenue internationale, née en 2015, consiste à montrer que l’agriculture peut jouer un rôle crucial pour freiner le changement climatique et assurer une sécurité alimentaire, indispensable à la paix sur Terre et à son devenir.
L’initiative 4/1000 vise à mettre en place les actions concrètes pour le stockage du carbone dans les sols et le type de pratiques pour y parvenir (permaculture, agro foresterie, agro écologie, agriculture régénérative).
Toute la production végétale, appelée Biomasse, dépend de la photosynthèse permise grâce à la chlorophylle, à l’énergie puisée dans la lumière, à l’eau et au CO2 présent dans l’air.
Vu sous un angle biochimique, grâce à la photosynthèse, les plantes sont capables de capter le carbone sous forme de gaz (CO2) dans l’atmosphère pour fabriquer des sucres, simples (glucose, fructose) ou complexes, sous forme de polymères (amidon, cellulose, hémi cellulose, lignine…). On les désigne aussi sous le nom de carbohydrates.
La magie de la vie s’est ainsi opérée sur terre puisque à partie d’un gaz, le CO2, les végétaux fabriquent de l’oxygène et les premières substances nutritives. La plante est ainsi un producteur primaire, premier maillon de la chaine alimentaire. Ensuite peuvent se nourrir les herbivores et …tous les autres.
Encore faut-il que les plantes puissent se nourrir !
Sans sol vivant, aucune alimentation n’est possible !
L’Homme s’est sédentarisé au néolithique, il y a environ 8500 ans, mettant en place l’agriculture et l’élevage pour vivre, modèle remplaçant celui antérieur, des chasseurs-cueilleurs.
Depuis, l’exploitation du sol et l’usage des outils agricoles ont accéléré l’érosion naturelle des sols en perdant essentiellement leur composante carbonée (humus), en surface. L’agriculture industrielle mise en place après la seconde guerre mondiale, en Europe, si elle a eu l’avantage d’apporter l’autosuffisance alimentaire aux nations, a fortement accélérer la perte de la fertilité des sols, perte compensée par les engrais chimiques, mais à quel prix ! Aujourd’hui les spécialistes, agronomes et pédologues, tirent la sonnette d’alarme. Pour exemple : près de 70% des sols cultivés en France sont réputés infertiles à cause de la perte de leur humus. En d’autre terme : sans engrais, point de salut pour nourrir les Hommes !
Aussi, il devient urgent de changer nos méthodes culturales. L’ambition de l’initiative 4/1000 consiste à augmenter la part de carbone sur les sols, de 0.4% par an, afin d’une part, de régénérer l’humus et d’autre part, de séquestrer du carbone pour freiner le réchauffement climatique.
A vos broyeurs ! Ou comment produire de l’humus.
En permaculture l’objectif réside dans la formation d’un complexe nutritif dit argilo humique composé d’une fraction organique et minérale, indispensable à la fertilité naturelle des sols. Il suffit pour cela de nourrir le sol en déposant à sa surface de la matière organique sous forme de broyats : Broyat Raméal Fragmenté (BRF), tontes de pelouse, déchets organiques alimentaires, paille, feuilles d’automne… On parle de paillis ou litière ou mulch ou Andains. Plus vous en déposerez sur le sol, plus les décomposeurs vont proliférer et se diversifier pour se nourrir de ces « déchets » et les transformer en humus. C’est exactement ce qui se passe dans la nature ; il suffit d’observer une forêt et son sous-bois ! Fort productive, elle fait preuve d’autosuffisance alimentaire (sans engrais) et ne génère aucun déchet ; elle recycle tout !
L’humus favorise l’oxygénation du sol, retient l’eau et stabilise les minéraux; il demeure indispensables à la croissance des plantes.
Les vers de terre, quant à eux, attirés par cette litière et sa biotransformation, vont créer le complexe argilo-humique, composé stable et ultime, équilibre parfait entre organique et minéral, pour nourrir naturellement les cultures.
Dans le même temps, cet apport de paillis et sa transformation en humus, « séquestre » le carbone pour plusieurs décennies et compense ainsi ce que l’agriculture émet en CO2, par ses activités.
D’où l’initiative 4/1000 !
Un taux de croissance annuel de 0,4% des stocks de carbone du sol, ou 4/1000 par an, dans les premiers 30 à 40 cm de sol (y compris prairies, pâturages, agriculture et sols forestiers), réduirait de manière significative, dans l’atmosphère, la concentration de CO2 liée aux activités humaines.
Cette augmentation du stock de carbone dans les sols agricoles représente un levier majeur pour améliorer la fertilité des sols et la production agricole, assurant ainsi la sécurité alimentaire.
Comment s’y prendre ?
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Ne pas laisser un sol nu : déposer régulièrement à sa surface des broyats (déchets organiques).
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Travailler au minimum le sol et jamais en profondeur ; ne jamais retourner le sol.
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Utiliser des engrais verts, des légumineuses, qui fixent l’azote.
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Ne pas jeter ou bruler vos déchets verts ni vos déchets alimentaires, les épandre à la surface des sols ou les composter.
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Broyer et composter ; en un mot : recycler !
Si vous voulez en savoir plus :
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Sur Netflix, voir « Kiss the Ground » : des exemples remarquables dans le monde de l’agriculture régénérative.
Auteur : Arnaud Martin – Association Les jours qui suivent, juin 2022