Permaculture : régénérer la terre et mieux produire

Imiter la nature au point de concevoir un jardin-forêt au terme de quelques années de permaculture.

Travailler avec la nature, la laisser faire, telle est la force de la permaculture. Elle vous permet de décupler les possibilités de votre potager tout en réduisant au maximum vos efforts !

Sans engrais chimique, ni herbicide, ni pesticide d’aucune sorte, économe en eau et en énergies, votre jardin deviendra hautement productif associé à une qualité nutritionnelle optimale.

En s’appuyant, entre autres, sur l’apport régulier de déchets organiques (broyats, compost…), la permaculture enrichit et nourrit le sol et favorise sa biodiversité, au bénéfice des cultures.

Le concept de « culture permanent » est né en Australie, en 1970, grâce au professeur biologiste, universitaire, Bill Mollison et son étudiant David Holmgren ; tous deux écrivent un livre qui fait référence : « Permaculture One ».

Outre une philosophie de vie, les principes qui guident la permaculture sont issus de l’observation et de la connaissance de la nature ; il s’agit de l’imiter et non de s’imposer à elle.

Celui qui se donne un maître autre que la nature se trompe 

Léonard de Vinci.

Le Petit Robert donne sa définition : « Mode d’aménagement écologique du territoire visant à concevoir des systèmes stables & autosuffisants ».

L’observation la plus convaincante est la forêt !

Elle dévoile nombreux éléments qui devront rester en nos esprits : fort prospère pour de nombreuses espèces végétales et animales (Bio diversité), elle est capable de s’autoalimenter sans apport extérieur et d’augmenter d’année en année sa productivité. Elle absorbe la totalité des eaux pluviales, sans ravinement, grâce à la qualité de son sol. Enfin, elle ne produit aucun déchet. Un cycle parfait en résumé : hautement productif, autosuffisant, sans production de déchet.

 

La connaissance de la structure des sols convainc aussi !

Le sol est composé de plusieurs couches bien distinctes : en surface, l’humus est la conséquence de la dégradation des déchets organiques (feuilles, branches, éléments carbonés), de la lignine (bois) par la faune épigée. Celle-ci, aérobie, a besoin d’oxygène pour se développer (champignons, collemboles, acariens, cloportes, nématodes et bactéries) d’où l’importance d’obtenir un sol aéré, non compact. En profondeur : c’est la partie minérale qui l’emporte, issue de la roche mère. La faune endogée est composée principalement de bactéries participe à la minéralisation du sol et digère les racines mortes en profondeur (protoures).

Enfin, la faune anécique composée des vers de terre (lombrics). Ces derniers remontent, chaque nuit, chercher de la litière et vident leur intestin pour former des turricules. Ils brassent continuellement le sol des profondeurs, riche en argile, vers la surface, riche en humus. Dans leur intestin, se forme le complexe argilo-humique qui permet au sol de s’enrichir de minéraux bio assimilables et stables, résistant au lessivage des pluies et arrosages.

– Profil d’un sol forestier

Les quatre règles pour respecter le sol

1 – Ne jamais retourner le sol

À l’inverse, vous comprendrez aisément que, en inversant les couches du sol, vous allez bouleverser son équilibre et détruire ses composantes vivantes, sa biodiversité en quelque sorte. Le motoculteur est donc à bannir ! En revanche, le permaculteur pourra utiliser, pour aérer et régénérer des sols abimés et compacts, l’aérobêche ou grelinette … elle permettra de décompacter le sol en le fragmentant dans le sens vertical, sans retourner la terre, en l’aérant.

2 – Favoriser l’humus

Cette règle découle de la précédente et de l’observation du sol forestier. Favoriser l’humus c’est-à-dire la transformation, par la faune épigée, de tout substrat organique que vous allez déposer en surface : feuilles mortes, herbes de tontes, compost, paille, Broyat Raméal Fragmenté (BRF)… d’où l’intérêt d’un bon broyeur…plutôt qu’un motoculteur ! Plus vous déposerez de « litière » sur le sol, plus vous l’enrichirez.

3 – Ne pas laisser une terre nue

Entre des cultures, mettre en place un paillis ou planter des engrais verts (moutarde, trèfle violet, phacélie, vesce…) qui serviront de couvert végétal lors de la mise en culture. Ces engrais verts enrichissent le sol en Azote, en profondeur, grâce aux rhizobiums racinaires et favoriseront la production d’humus, grâce à leur épandage, en surface.

4 – Recyclez !

La permaculture entretien la richesse du sol et sa fertilité, sans avoir besoin d’intrant ! Les couvertures du sol favoriseront non seulement l’humus mais limiteront les arrosages.

Pensez également à ne pas arracher vos plantations mais à les coupez au ras du sol pour laisser les racines enfouies. Elles participeront non seulement au drainage du sol mais également à son amendement, particulièrement s’il s’agit des légumineuses car elles synthétisent de l’azote, via l’action des rhizobiums.

– Jardin aménagé selon les principes de la permaculture

Ainsi, grâce à la mise en place de la permaculture vos sols vont s’enrichir et devenir plus souples, d’années en années. Au bout de 3-4 ans, vous n’aurez plus besoin d’utiliser votre grelinette ; il vous suffira de planter et suivre les règles d’or qui régissent cette forme de culture. Votre investissement, pour entretenir ce résultat sera alors minimal… pour un résultat maximal !

Vous favoriserez ainsi le développement d’écosystèmes autonomes et pérennes et augmenterez, peu à peu, vos potentialités culturales, tant en termes de quantité que de qualité.

En permaculture, on rappelle que l’on nourrit en priorité la terre, pas les plantes !


Auteur : Arnaud Martin – Association Les jours qui suivent, octobre 2021