Aujourd’hui et particulièrement dans les Alpes Maritimes, l’été s’annonce difficile en raison du déficit pluviométrique depuis le début de l’année, de 67% par rapport à la normale.
Pour nos jardins vivriers, si l’eau reste un des facteurs limitant, la façon d’arroser et les modes de cultures restent déterminants pour économiser l’eau et rendre son apport hautement efficace.
Nous abordons ici quelques solutions pour améliorer votre gestion de l’eau.
Où va l’eau dans le sol ?
Si vous prenez une motte de terre que vous la plongez dans une bassine remplie d’eau, vous observerez la sortie de bulles d’air. Elles signalent donc la présence de trous qui sont assez jointifs puisque l’air y circule, de proche en proche, avant de s’évacuer. On appelle cela la porosité. Ces trous ou pores, présents en réseau, sont plus ou moins grands selon la texture du sol ! On en distingue deux catégories : les macropores, à grands interstices entre eux, laissant passer l’eau, par gravité, sans la retenir et les micropores, en revanche, qui retiennent l’eau par capillarité. Cette force physique permet à l’eau de « remonter », à l’inverse de la gravité.
– Profil d’un sol humifère
Cette humidité peut s’apprécier par des sondes mises dans le sol (humidimètres) ou par l’observation et l’habitude du cultivateur (test digital : les doigts enfoncés dans le sol pour apprécier son état hydrique).
– Prolifération d’algues vertes dans un cours d’eau
L’état de la plante et l’eau ; l’observation est de mise !
Le sol reste donc humide grâce aux microporosités et à la remontée de l’eau par capillarité, de la profondeur vers la surface. La plante s’abreuve ainsi, par « succion », jusqu’à une limite au-delà de laquelle elle ne peut plus extraire de l’eau. Elle arrive alors au point de flétrissement réversible, bien visible si on observe la plante, le matin, avant l’irradiation solaire. Ce flétrissement réversible reste cependant fonction de l’espèce et de la variété de la plante qui saura plus ou moins s’adapter aux conditions présentes.
Les autres forces et les lois de cheminement de l’eau, du sol à la plante.
Un autre force régit des échanges d’eau par dilution des milieux. Ces échanges ont lieu du milieu le moins concentré vers le plus concentré afin d’équilibrer les pressions dites osmotiques. C’est ce qui se passe lorsque la plante perd de l’eau par transpiration ; en compensation l’eau du sol passe dans les tissus de la plante, par ses racines, pour diluer le milieu le plus concentré, la plante.
À l’inverse, c’est ce qu’il se passe lorsque vous « brûlez » une plante par un apport trop concentré d’engrais ou de fumier. Les milieux s’équilibrent par passage d’eau du milieu le moins concentré, la plante, vers le plus concentré, le sol…et la plante sèche sur place ! Donc attention, une plante qui flétrit n’est pas nécessairement le signe d’un flétrissement réversible. Procéder donc par élimination.
– Point d’eau aux Jardins partagés de Saint-André de la Roche
Paillage ou binage …des pratiques agronomiques qui valent deux arrosages !
• Le paillage : l’eau du sol, retenue par les micropores peut retourner à l’atmosphère par deux voies, l’évaporation du sol lui-même et par les plantes qui absorbent l’eau et la transpirent, l’ensemble désigné par l’évapotranspiration.
Le soleil et la chaleur vont donc avoir tendance à sécher la surface du sol mais par capillarité l’eau va remonter. Ce transfert d’eau des profondeurs vers la surface entretient ainsi l’humidité des sols d’autant que la granulométrie la favorise. Cette remontée de l’eau est en effet possible tant que les micropores qui se vident, en profondeur, sont plus gros que ceux qui se remplissent en surface.
Les paillis, outre leur pouvoir hydrophile, évitent grandement cette évaporation de surface trop importante en été et maintiennent ainsi l’humidité. Ne pas négliger l’usage de la paille en dernière couche de surface car celle-ci est un isolant ; elle va donc encore plus freiner l’évaporation due à la chaleur et aux rayonnements solaires.
– Paillage aux Jardins partagés de Saint-André de la Roche
- Décompacter le sol, l’aérer, sans le retourner en utilisant une grelinette et préparer le sol en amont des saisons de culture en apportant, en surface, des matières organiques pour nourrir le sol. En quelques mois, elles vont se transformer en humus, très hydrophile, et minéraliseront également le sol.
- Couvrir le sol de matières organiques (paillis, broyats, composts, BRF) de façon à freiner l’évaporation de surface et profiter pleinement du rôle hydrophile de la couverture (rétention de 90% en poids d’eau).
- Arroser le soir ou au petit matin pour diminuer l’évaporation, avec parcimonie pour éviter la « vidange » d’eau par les macropores du sol.
- Viser à maintenir l’humidité du sol. L’idéal étant le système goutte-à-goutte placé sous le paillis pour garder le sol humide en le protégeant de l’évaporation de surface.
- Procéder au binage … plutôt que deux arrosages
- Choisir les variétés de plantes ou de légumes ayant besoin de moins d’eau.
- Ainsi, il est raisonnable et possible de diminuer l’arrosage d’au moins 50%, en temps et en fréquence.
Auteur : Arnaud Martin – Association Les jours qui suivent, mai 2023
Sources : Marc-André Selosse « L’origine du monde – Une histoire naturelle du sol à l’intention de ceux qui le piétinent » – Edition Actes Sud, septembre, 2021